Fabien Mirabaud

La Panamerican Highway

...de Septembre 2002 à Mars 2003

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Chili Part 2

Le depart de Santiago se fait sans heurt, meme si nous en avons evite quelques uns car les habitants de Santiago conduisent comme des dingues et jouent a faire des queues de poissons a tout bout de champ. Nous pestons comme des fous!

Rien a signaler sur des centaines et des centaines de kilometres. Nous roulons sur une autoroute a peages qui nous demande de contribuer a l'etat des routes chiliennes tous les 200km. Ca fait beaucoup car pour descendre jusqu'a Puerto Natales, ily a plus de 3500km!!

Nous evoluons au travers d'une succession de vignobles et de forets d'eucalyptus. Mais plus on se dirige vers le Sud, plus les epineux tendent a remplacer les eycalyptus.

Nous sommes toujours sur l'autoroute (qui n'est autre que la Panamericaine) quand nous decovrons, amuses et fiers, un immense panneau annoncant que le3 concessionnaire de cette autouroute n'est autre que la societe francaise VINCI, l'un de nos fideles sponsors! Nous sommes fiers car nous voyons la puissance de cette grande entreprise francaise, qui, de surcroit, nous a fait confiance,comme tous nos autres partenaires, en partipant a notre voyage. Nos modestes autocollants passeront sans doute inapercus surl'autoroute, a 120km/h mais nous ne manquons pas de les faire remarquer aux curieux qui manifestent de l'interet pour notre aventure.

Passage rapide dans les villes de Chillan et de Temuco; nous sommes impatients de quirtter l'autoroute pour vivre une route plus amusante. Nous arrivons dans la region des lacs, campagne d'une grande beaute, avec ses prairies vallonnees et ses petites maisons de style bavarois qui rapellent au voyageur l'implantation des allemands au Chili au debut du 19eme siecle. Ici, on croise des petits enfants blonds aux yeux bleus et on pourrait deguster le strudel dans chacune des maisons que l'on croise!

En chemin, nous rencontrons un couple de francais sexagneraire, Marcel et Jojo qui parcourent le monde avec leur velo des annees 1980 et pour toute remorque un caddie de course! Voila bien une de nos rencontres les plus originales depuis le debut du voyage! Ils nous conseillent a 20 km de la de nous arreter dans un petit village ou a lieu un rodeo chilien.

Le rodeo chilien nous attend dans toute sa splendeur, les cow-boys chiliens excellent d'elegance dans leur uniforme de cavalier. Les eperons depassent les 20 centimetres et les chevaux ont la robe lustree et brillante. Assurement, nous assistons la a un grand jour. Une competition se deroule sous nos yeux: deux cavaliers doivent avec leur monture mener un jeune taurillon dans l'arene et doivent realiser un certain nombre de figure qu'un jury viendra apprecier afin de determiner les cavaliers les plus habiles. Les taurillons prennent un nombre de coups assez impressionnants, ont souvent le museau en sang apres s'etre ecrase contre les parois pour essayer de fuir la course qui leur est imposee. Selon les locaux, les accidents, rares, sont plutot a compter du cote des chevaux. La paire de cavaliers est toujours composee d'un cavalier jeune et d'un plus age; la difference d'age pouvant atteindre facilement 40 ans. Cette petite pause inattendue nous aura beaucoup interesse et les prochains kilometres qui nous separent de la frontiere avec l'Argentine nous surprendront a nous croire de veritables cow-boys chevauchant leur monture moderne puissante et nerveuse (houlala on se calme!).

Nous passons la nuit a camper au bord d'un lac et avec quelques barbares installes a cote de nous qui ne trouvent rien de mieux a faire que d'allumer le groupe electrogene a minuit! On reve!

Au matin, la lumiere qui perce derriere les montagnes et se reflete dans ce lac est d'une grande beaute. Couageux, Aurelien sors de son duvee a 6h du matin pour immortaliser le moment et le faire partager a ceux qui ne sont pas la!

Le lendemain, depart, quelques chemins trempes et boueux qui nous incitent a rouler avec prudence. La route est belle et nous mene a Barriloche. Acceuillis chez l'habitant nous decouvrons une petite ville qui restera longtemps dans nos memoires. Pleine de charme, cette citee qui a cote suisse indeniable est batie sur les pentes d'un grand lac de montagne. L'on y mange bien, les specialites de chocolats nous font froler la crise de foie, surtout quand apres 500gr. de chocolats par personne on s'offre une tournee de grillades de viandes de toute sorte a volonte! Rien a dire le boeuf argentin est le meilleur du monde! Apres la periode de restriction budgetaire qui s'imposait a nous, l'Argentine nous apparait si bon marche et salvatrice pour nos carcasses rudement menees.

Pour le moment, dans ce lieu huppe, nous ne ressentons pas tellement la crise qui touche si durement l'Argentine. Certes, tout est trois fois moins cher qu'il y a trois ans. Mais nous croisons tout de meme des argentins qui roulent en 607 et autre voiture de luxe. L'on apprend que la crise a surtout fait des ravages dans le nord du pays. A partir de Buenos Aires, il faut s'attendre a plus de pauvrete.

L'etape qui suit Barriloche est Esquel. La route est sinueuse a souhait. On s'en donne a coeur joie. Des nuages de toutes formes se dessinent dans un ciel d'un bleu que l'on ne retrouve que dans les altitudes elevees.

Passons El Bolson, repute pour son cadre de randonnees extraordinaires et ses confitures de fruits de montagnes. Esquel est une ville moderne, sans interet si ce n'est une boulanngerie qui pour moins d'un Euro, vous vend 12 croissants ou patisseries de toutes sortes. Et en plus elles sont bonnes. C'est du jamais vu! On vous le dit, a ce rythme la, on prend 5kg chacun si l'on reste trop longtemps en Argentine. Nous n'irons tout de meme pas regretter les haricots rouges que l'on mangeait matin et soir en Amerique Centrale. Ah la vie dure!

Retour au Chili. Tres vite, l'asphalte disparait pour faire place a la tole ondulee, les nids de poule. Voici ce que nous allons endurer les 800 prochains km... mais dans un cadre d'une grande beaute.

En effet, sous les conseils de Osvaldo, un carabinero chilien rencontre en Bolivie, nous nous laissons sur cette superbe piste. Paysages superbes: des rivieres d'un bleu extraordinaire, des petites fermes bucoliques, des cascades, des prairies verdoyantes, des moutons et de jolies vaches vivent paisiblement leur temps dans ce decor que vous retrouverez dans vos souvenirs d'enfance si vous avez suivez les aventures de Charles Hilgans et sa petite famille toute propre dans "La Petite Maison Dans La Prairie".

La carretera Austral porte en partie mal son nom. Ce n'est pas une route mais plutot une grosse piste forrestiere. Elle est l'oeuvre de Pinochey qui avait decide ce projet au debut des annees 1980 pour desenclaver la region et permettre aux militaires d'avoir acces a cette partie isole du Chili. Autrefois controversee, cette route est tres appreciee des locaux qui peuvent maintenant se rendre dans le nord du pays autrement qu'enb avion ou bateau. La route porte officielement le nom de Route Pinochey, un panneau nous le rappele. Mais il va sans dire qu'il lui a ete prefere le nom de "carretera austral".

A Coihaique, nous rencontrons une famille de motards. Incroyable mais vrai. Dans la famille, on nait avec une moto dans less bras! Une famille compose de 6 adolescents de 14 a 19 ans se lance sur cette piste glissante, a toute vitesse, au guidon de motos enduros puissantes. Le pere suit en Tenere (l'equivalent Transalp chez Yamaha). Et derriere la maman, bravant la pluie, la boue et le froid, suit en 4x4 avec une remorque. C'est l'assistance technique. Nous sommes tres jaloux. Les mamans Chardeau, Girodot et Mirabaud en aurait elle fait autant? Nous ne repondrons pas. N'empeche que quand on a les mains congeles et que l'on grelotte de froid, que tout est mouille et que l'on voit une maman toute fraiche sortir de la voiture avec un thermos de the chaud et des biscuits... on se dit qu'on aurait pu essayer d'avoir notre equipe assistance avec nous (mais de temps en temps seulement!)

La route est difficile. Boue, graviers, rivieres... Il pleut. On fait attention, mais nous ne sommes pas a l'abri de l'accident... qui finit par arriver. Aurelien mene la dance. La route est ferme, on roule tranquille, genre 70 ou 80km/h. Soudain, la route se transforme en sable profond et tres tres meuble. Aurelio chute. Tom et Fabio derriere, assistent au gadin! Tom tient la route, mais le miracle ne marche pas pour fabien qui chute a son tour. On dirait un jeu de bowling. Pas de degats heureusement. Nous devancions la famille de motards chiliens et a leur arrivee (en trombe) nous leur faisons de grands signes pour ralentir! A deux sur une 450, a 80 km/h... il n'y a guere de chance de s'en tirer. Le spectacle des trois francais agitant leur bras dans tous les sens au pied de leur motos qui jonchent le sol les fait ralentir. On a evite de peu le carambolage!

Finalement, a notre plus grand bonheur, nous arrivons sur le sol ferme: de l'asphalte que nous n'aurons jamais autant benis. Tels des heros du Camel Trophy, nous posons aux cotes de nos collegues chiliens pour une photo de choc: au total, pres de 10 motos alignees les unes apres les autres avec leur pilotes. De vrais heros!

De vrais heros des temps modernes qui n'ont pas finis de souffrir... Aux portes de la Patagonie, il reste encore une longue partie eprouvante tant physiquement, que moralement ... et egalement pour les motos qui s'en remettront difficilement.

La suite tres bientot...