Fabien Mirabaud

La Panamerican Highway

...de Septembre 2002 à Mars 2003

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Le monde de la moto :

Le Perou, Part 2

La deuxieme partie du Perou etait la plus exaltante. D'abord parce que nous avons franchi la fameuse cordillere des Andes, ensuite parce qu'elle cache des tresors caches tels que Cuzco, le nombril du monde.

Le dimanche 22 decembre 2002, nous entamons donc la perilleuse montee de la Cordillere. En quelques 80 km, nous engloutissons pres de 3500 m de denivellee !

Les virages sont secs et reservent de nombreuses surprises. Tous les sens sont donc en alerte pendant que les muscles travaillent. Enfin, nous nous hissons jusqu'au col Abra Condorcenca qui culmine a 4390 m ! Nous traversons la reserve nationale de Pampas Galeras et croisons les premiers vigognes du voyage, sorte de gazelle a fourrure peruvienne.

Nous atterissons a Puquio, dernier village important du cote ouest de la Cordillere.

Tres vite nous constatons le contraste entre ces gens de la cote et ceux de la montagne, les serranos. Les premiers sont animes, ouverts et la bouche en coeur. Les seconds ont l'air reveche, les visages cuivres et la bouche comme une cicatrice. La communication est difficile et leur regard muet.

La route pour Chalhuanca est merveilleuse ! Certes, les motos a 4000 m d'altitude manquent un peu d'oxygene, ce qui freine une bonne combustion de l'essence. Mais le panorama est tellement beau. Nous nous posons un instant au bord d'un lac. L'eau est etale, les montagnes silencieuses se cachent derriere des nuages cotoneux et ventrus. Le temps n'a plus de mesure.

De Chalhuanca, nous empruntons un petit chemin vers des bains thermaux. La route est cahoteuse et escarpee. L'endroit est charmant, mais sacage par un opportunisme commercial vulgaire. La fummee qui s'evapore des bains se melange aux odeurs d'urine. "Il est temps qu'un occidental reprenne le site pour en faire un lieu qui respecte l'environnement !" ironise-t-on.

En redescendant la colline, nous evitons les tirs de la montagne qui vide sur nous son chargeur de pierres... Mais Fabien freine pour recuperer un objet tombe de sa moto. C'est celle d'Aurelien qu'il faudra surtout recuperer, car il est oblige de freiner trop vite et chute ! A 20 km / h, il y a de la peur mais aucun mal.

Abancay est l'etape ideale pour passer Noel. Nous nous goinffrons des grillades nationales, tentons, en vain, d'apprecier le vin peruvien et nous consolons avec avec un foi gras offert par les parents de Fabien.

Mais notre meilleur cadeau de Noel est l'hotel tombe du ciel, qui nous dorlotte pour seulement 10 francs.

Les cadeaux ouverts, Aurelien s'installe dans la cathedrale pour observer la ceremonie de Noel. Pres de 600 personnes sont religieusement assises. Toutes sont incas, sauf 4 blancs. Les 3 pretres et lui... Les poupees du Christ apportees par chaque famille s'alignent autour de l'autel pour que les pretres les benissent. Triste spectacle cependant que de constater que la genereuse chorale ne parvient pas a etoufer les basses rythmees de la boite de nuit, qui a eu l'arrogance de se faire remarquer en face de la cathedrale !

Reconfortes par 24 heures de repos, nous decidons d'aller camper au bord du Rio Apurimac et de nous rechauffer dans les bains thermaux. Enfin un lieu qui respecte la nature ! Les moustiques aussi malheureusement...

La nuit est une cacophonie de resonnances aquatiques. Nous sommes a la fois berces par la riviere qui coule au pied de la tente et pertubes par les battements de la pluie sur la toile qui lui sert de percussion wagnerienne ! En gros, nous n'avons pas ferme l'oeil de la nuit et Thomas dormant dans la tente mexicaine s'est reveille "mojado"* des pieds a la tete. Le lendemain, nous voyons rouge en constatant la contellation de piqures qui a ravage notre peau !

Plutot que d'attendre le ravitaillement hebdomadaire du refuge, nous preferons retrouver la civilisation ferme et partir a la decouverte du nombril du monde...

En arrivant dans la ville, nous comprenons sur le champ que nous atteignons une etape precieuse du voyage. Suspendue a 3300 metres d'altitude, Cuzco regorge de charmes, meme si c'est la premiere fois que nous avons l'impression de faire du tourisme. La vie y est toute organisee autour et les occidentaux deambulant sont aussi nombreux que les cusqueños vendant.

Le premier rencontre est Jeffrey, un americain venu s'installer il y a 20 ans au Perou apres avoir commercialise la laine d'alpaca. Il possede un bar aux allures de pub, denomme le Norton. Passionne par cette marque de moto, il aprendra bien vite que la poderosa II du Che Guevarra et d'Alberto etait une Norton 500 ! Une info que nous voulions rappeler a nos fideles et patients lecteurs. Car il ne faut pas oublier que notre aventure a ete inspire en partie par celle du jeune Che Guevarra, voyage initiatique qu’il raconta dans un livre captivant a devorer (Voyage en motocyclette).

Nous decouvrons les photos de leur periple de 1953 grace a Jeffrey. Le Che a les traits fins et le regard exalte. Alberto est trapu, les yeux petits et le regard determine. Il donne l'impression d'etre le meneur.

Nous admirons toutes ces photos buvant une biere, gabarit Margarito. Ce nom appartient a l'homme le plus grand du monde, un peruvien. A Cuzco, on dit aussi une Manco Cappac, en hommage au chef inca qui a cree la ville et dont la statue protege son entree.

Nous restons une bonne semaine a Cuzco et dormons dans une delicieuse suite pres de la plaza de armas.

D'ailleurs, toutes les villes peruviennes ont une plaza de armas, nom donne par les conquistadors espagnols a la place principale.

Notre oisevete nous permet de lire quelques unes des grandes pages de l'histoire du pays. Les incas sont une civilisation recente, envahie au XVIeme siecle par Pizarro le visionnaire. Les peruviens sont aujourd'hui schyzophrenes. Ils se pretendent tous incas mais parlent la langue du conquerant. Leurs racines sont pourtant bien vivantes, car tous parlent en plus le quechua ou l'aymera de leurs ancetres. D'ailleurs, une des places importantes de Cuzco arbore un immense condor perche sur une colonne, en hommage a cet oiseau sacre des incas.

Nous partons le dimanche pour le marche artisanal de Pisaq. Eric le belge nous accompagne, avec pour simulacre de casque un chapeau mou. La route est belle et facile.

Le marche est un album photo vivant ! Nous saisissons toutes les couleurs du Perou.

La journee continue dans les ruines de Pisaq, qui conservent les beaux restes d'une forterresse inca. La lumiere douce du soleil sur les montagnes en terrasses construites il y a plusieurs centaines d'annees cree un paysage magique.

Nous n'oublions pas de deposer sur la pierre sacree un objet personnel, sous l'ombre du Che, ce qui nous apportera force et vitalite ! (instant immortalise sur une des photos du site). Tout comme la muña des montagnes que nous respirons en marchant d'ailleurs.

Le mardi, il pleut depuis l'aube et nous devons faire du rafting. Tant mieux car le niveau de difficulte augmente. Tant pis pour le soleil...

Le bateau a l'eau, nous ramons de toutes nos forces pour y rester en dehors. Certains passages sont difficiles, d'autres effrayants. L'adrenaline est a son comble. Elle va prendre une douche froide apres avoir saute d'un pont. Mais Thomas est acclame pour avoir ose un saut perilleux !

Le soir, le reveillon est au rendez vous. Nous nous regalons avec une variete de grillades peruviennes : alpaca, cochon de lait et cochon dinde delicieusement appele "couille" en peruvien...

Depuis qu'un feu d'artifice a Lima a cause la mort de spectateurs, aucune ville n'a le droit d'en organiser. S'y substitue alors une myriade de vendeurs ambulants de petards et fusees que les gamins consomment sans compter ni regarder. La ville est un immense petard assourdissant et les explosions resonnent jusque dans le choeur de la cathedrale ou l'on celebre une messe.

A minuit, une vague humaine se deroule autour de la Paza de armas. Thomas plonge dedans et va y pecher sa sirene, la belle Eileen, pendant qu'Aurelien rentre vite se coucher en pensant au lendemain, jour d'arrivee de sa motarde preferee...

Mardi 1er janvier, Sixtine descend de son quatrieme avion. Elle retrouve a Cuzco avec un bonheur partage les bras de son homme, rase pour l’occasion. Ils s’embrassent amoureusement et CENSURE.

Notre premiere journee avec notre motarde de choc est bien remplie. Nous visitons les salineras de Marras. Au bout de quelques kilometres de chemin de terre, se decouvre a nous un splendide panorama : un kaleidoscope de cuves aux reflets argentes et ocres.

Nous poursuivons la route jusqu’a l’amphitheatre de Morray, une belle construction preservee par les annees.

Le lendemain, nous sommes invites grace a Jacques chez une cusqueña, Maria, dynamique chef d’entreprise de briques.

Le dejeuner est charmant car sans queue ni tete. Chaque histoire drole racontee par une des convives est comprise de 4 facons differentes par nous et chacun attrape un mot connu pour le repeter et en eclater de rire.

Nous sommes gates et digerons le bon repas dans le bus en route pour Ollantaytambo.

Le site d’Ollantaytambo promet des merveilles. Perche sur une colline, il est construit en terrasses. Mais le soleil parresseux ne nous a pas laisse le temps de l’admirer pleinement.

Le lendemain, le reveil sonne a 5h et nous nous preparons a grimper vers l’un des plus beaux sites du monde, le Macchu Pichu.

La marche est abrupte et difficile. Nous baignons dans un melange de sueur et de pluie. Ce qui rend l’arrivee au sommet d’autant plus exquise.

La brume qui habite le site preserve tout son mystere. Comme si elle le protegeait d’une surtouristication. Le Machu Pichu est capricieux et sa beaute est genereuse pour qui sait attendre l’eclaircie. Ce qui rend la journee merveilleuse car ponctuee d’efforts et de recompenses.

La vue aerienne depuis le Huayna Pichu merite tous les sacrifices. A verifier parmi nos photos bien sur ! Il ne reste de cette ville aucun toit, car fabriques de chaumes et donc ephemeres. Mais l’on parvient facilement a s’imaginer la vie inca circulant dans ce labyrinthe de pierres, dont certaines atteignent des tailles astronomiques.

Le soir, pendant que Fabien se relaxe dans les sources chaudes du coin, Sixtine, Aurelien et Thomas reprennent le train.

La descente vers Cuzco l’endormie se fait en crabe, car le fort denivele de la pente ne permet pas de construire des virages.

Le lendemain, journee d’amoureux. Sixtine et Aurelien retournent a Pisaq, pendant qu’Eileen et Thomas partent se ballader.

Tous se retrouvent en fin d’apres midi sur le site de Saccsahuaman, que les puristes prononcent "sexy woman"... L’endroit parfait pour dire au revoir a Cuzco et sa valle sacree, qui nous a gate pendant toute la semaine.

Voici la deuxieme partie du Perou qui se termine...

Trepignez d’impatience chers lectrices et lecteurs, car votre curiosite sera tres bientot assouvie ! Une troisieme et derniere partie sera en ligne depuis l’autre bout du monde dans quelques kilometres...